Parmi les pionniers qui ont créé cet attrait, le chanteur Richard Séguin se souvient des balbutiements du projet, lui qui a grandi à Montréal, mais qui a choisi de s’établir dans cette municipalité d’à peine une centaine de personnes. À la fin des années 1990, le gouvernement du Québec envoie une lettre aux élus de Saint-Venant-de-Paquette afin de leur signifier que la municipalité « était maintenant dévitalisée ». Aussitôt, le maire de l’époque convoque ses citoyens à une réunion spéciale pour se débarrasser de cette étiquette. « Il y avait eu une belle mobilisation », se souvient Richard Séguin. Ce dernier voyait s’inscrire dans le paysage du village de Saint-Venant-de-Paquette le rayonnement du poème au vent.
Cette idée prendra alors tout son sens quand le comité du projet est mis en contact avec des élèves et des professeurs en horticulture à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe. « On a créé une synergie. De notre côté, on a mis sur place des spectacles-bénéfices. L’argent amassé lors de ces événements a permis d’acheter des matériaux pour que ces étudiants créent les premières installations du sentier. On a fonctionné de cette façon pendant une dizaine d’années », raconte M. Séguin. Depuis, plusieurs autres bénévoles de la région et d’ailleurs, amoureux de la nature et de la poésie, ont uni leurs efforts pour développer ce concept unique au Québec.
Le site a également été l’inspiration d’un nouvel événement, la Grande nuit de la poésie. Le rendez-vous, qui reviendra à l’été 2024, est maintenant sous l’égide de David Goudreault. « Lors de ces événements, la population de notre village d’une centaine d’âmes accueille près de 1500 visiteurs. C’est un défi qu’on relève avec fierté. Les retombées sont très fortes. On n’a qu’à penser à la création de quatre gîtes du passant. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est de voir qu’on réussit à protéger notre patrimoine francophone, à quelques kilomètres des frontières américaines. »
Tourné vers l’avenir
En un quart de siècle, le Sentier poétique est devenu un attrait incontournable de la grande Région de Coaticook. Selon Richard Séguin, on peut envisager la création de nouveaux sites le long du trajet. Toutefois, ce dernier souhaiterait d’abord faire grandir l’impact qu’il a dans la société. « J’aimerais beaucoup que le système éducatif puisse intégrer des visites au sentier dans les cours de français. Ça donnerait un peu plus de place à la poésie. […] Une grande part de notre identité culturelle passe par la poésie. »
Avec une équipe jeune et dynamique aujourd’hui aux commandes, l’avenir du Sentier poétique est entre bonnes mains pour encore 25 ans, croit le populaire chanteur.
Sources : Le Progrès de Coaticook, Les amis du patrimoine de Saint-Venant-de-Paquette